Rajeev

Il se trouve que le 15 août dernier, fête de l'indépendance de l'Inde, j'étais à Boston, où se concentre la plus forte communauté indienne des USA. L'espace d'une journée, on a donc souvent le sentiment de se trouver davantage à Bombay qu'à Boston. Au milieu de cette foule, j'ai repéré un homme affublé d'une tête incroyable, posée sur un corps de géant cagneux (il devait mesurer 2m10...). Une sorte de méchant échappé d'un film de James Bond à la sauce Bollywood. J'ai dû ruser pour pouvoir le photographier sans qu'il s'en aperçoive. Mais je suis content d'avoir risqué ma vie. Il est devenu un personnage de Aâma, plutôt sympathique d'ailleurs. Je le mets maintenant, même si il n'apparaîtra que dans le tome 2.

Palillo

Une petite note prise il y a longtemps lors d'une soirée. C'est une expression espagnole, je crois, infligée à un ami par son vieux professeur d'école primaire.Cela m'a beaucoup amusé, et, allez savoir pourquoi, j'ai tout de suite su que cette scènette deviendrait une brève digression dans mon histoire, qui en dit long sur Verloc.

Churchill in the sky

Un détail de découpage d'une séquence compliquée. Certaines attitudes ne souffrent pas l'approximation.

Pfuit!

A voir...

Minuscule

Eh bien moi, ce que je préfère pour l'instant, c'est la version minuscule. Elle correspond bien au sujet. Et puis elle est surprenante. J'avais évité à tort les minuscules dans mes propres recherches. Alors que les A sont bien plus doux. Le triangle est toujours une forme compliquée à gérer, je trouve. Et j'aime ces "a" pleins qui ressemblent à des gouttes. En outre, on peut isoler le "â" pour en faire un signe simplifié. Voire juste le circonflexe. Mais à ce stade, il faut encore le travailler, il est un peu lourd, ainsi que le "m", qui n'est pas évident. Je me rends compte en revoyant ces recherches que je dois supprimer tous les essais où les lettres majuscules sont isolées dans des cartouches, j'avais déjà utilisé une idée semblable pour le titre de l'intégrale de Koma, parue aux humanos l'année dernière. Déjà que Koma et Aâma sont des titres proches, il faut absolument que le graphisme tranche!

Typo2

Typo

Oui donc, n'étant pas satisfait des premières pistes, je demande l'aide de ma compagne, qui se trouve être prof de typographie, ce qui est toujours utile. Je deviens un client capricieux et j'impose mes vues. S'ensuivent quelques premières recherches informatiques...

Titre

La série s'appellera Aâma, cette fois je crois pouvoir l'affirmer. Et chaque tome aura un sous-titre. Et ainsi que je l'ai fait pour RG ou Pachyderme, j'aimerais pouvoir penser la couverture dans sa totalité. Toute la difficulté consiste donc à donner une forme adéquat au titre. Dans l'histoire, Aâma est un produit. J'aimerais que le mot ressemble donc à une sorte de logo, à un code visuel. Voilà les premières recherches manuelles.

Radiant city

Méhari

Cité des morts

J'ai aussi recyclé dans le livre l'idée de la Cité des Morts. Au nord du Caire, coincée entre une citadelle mamelouke et une autoroute, se trouve une immense nécropole. De vieilles tombes et de nombreux mausolées ont été investis au cours du temps par des populations pauvres, qui se sont installées à l'intérieur même des mausolées, improvisant parfois une table entre deux pierres tombales. En gros, les vivants habitent concrètement au milieu des morts, il y a des magasins et des écoles, les enfants courent et rient, et jouent même au billard dans les allées. Au dessus de certaines maisons s'élèvent quelques pigeonniers artisanaux. C'est un lieu troublant et très puissant. Je ne mets pas de cases du livre, il faut quand même que j'en garde sous le pied.

Parjapath

Un soir au Caire, j'ai rencontré ce vieil homme, un chrétien copte, excessivement libidineux, et ayant un avis sur tout. Nous avons mollement devisé sur l'air du temps autour d'un thé. Et puis il m'a fixé un rendez-vous pour le lendemain. Je l'ai attendu, il n'est jamais venu. Un peu vexé, j'ai décidé d'en faire un personnage sans scrupules. Ignorant son vrai nom, je l'ai appelé Parjapath. Deux croquis faits sur le pouce en l'attendant, et la version finale lors de sa première apparition dans le livre.

Smoke like an egyptian

Mystique

Une secte étrange. Les adeptes se déplacent à la queue leu leu en effectuant de petits sauts à pieds joints...

Antique cité du futur

En mars 2010, il y a quasiment 1 an, juste avant de me lancer dans la fabrication concrète du livre, je suis parti 10 jours me perdre seul au Caire. 20 millions d'habitants, 40 siècles d'histoire qui nous contemplent, une agitation frénétique et permanente, l'idéal pour se fouetter les sangs avant une plongée en apnée. J'ai bu des tonnes de cafés sur des terrasses, j'ai mangé de la queue de boeuf et de la soupe de lentilles, j'ai fait des dizaines de photos, j'ai lu Albert Cossery, j'ai devisé avec des étudiants passionnés, je me suis fait menacer par un fou, j'ai assisté à un égorgement de mouton sur le perron d'une boutique Dolce Gabanna, j'ai fait des siestes délicieuses dans une mosquée du 13em siècle, et j'ai longuement espéré écrire un scénario qui n'est jamais venu. Mais je suis rentré la tête pleine de bruit et de lumière. Et je réalise maintenant à quel point mon histoire est truffée de détails, de parfums et de pensées mystiques directement inspirés par ce voyage.